dimanche 6 janvier 2013

Camiondedéménagementbiographie

Automne 1954.
La tribu, avec sa nouvelle squaw qui arrivera début novembre, envahit ce qui sera la maison familiale jusqu'au milieu des années 70.
La maison est à moitié terminée : les futures chambres à l'étage sont encore à l'état de projet et le sous-sol une vraie cave qui sera aménagée plus tard.
La violence paternelle était déjà sans doute bien établie mais pas encore structurée en système.
Les premiers mauvais traitements imposés par le vieux sont associés à ce lieu terrible où il y aura quand même beaucoup plus de peur que de douleur.
Le plus vieux commence l'école.
Ça se passe mal.
Il se retrouve dans une école spéciale où il est pensionnaire toute la semaine.
Toute la semaine, des thérapeutes et des éducateurs essaient de réparer les morceaux cassés.
Toutes les fins de semaine, le vieux salaud relance mon frère sur les murs.
Le cycle dura assez longtemps pour que les dommages soient permanents.
Mon frère deviendra un genre de mauvaise parodie de ce qu'il aurait pu devenir.
Le malheur dans le mépris et l'isolement.
Moi, je n'ai écopé que du surplus que mon frère ne pouvait prendre sans que les lésions ne deviennent trop apparentes.
J'en ai quand même pris pour mon rhume.
La crise d'adolescence sera fracassante et prolongée (est-elle vraiment terminée ?).
Mais si j'en suis sorti à peu près intact, c'est que j'ai eu la chance extraordinaire d'avoir un bouclier humain : je l'ai déjà maintes fois remercié et même si ce n'est pas suffisant, c'est tout ce que je peux lui offrir.
La chance que nous avons eu, c'est que le vieux ne s'intéressait aux enfants que pour les faire souffrir et les humilier.
C'est en vain que je cherche un bon souvenir de lui.

le bas blessé

6 commentaires:

  1. Pas un mot sur la mère. J'imagine que cela reflète adéquatement la place qu'elle occupait dans ce drame à cette époque.

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  2. c'est quoi cette histoire de squaw ? Sa maîtresse vivait avec vous ?

    Les homme qui n'aiment pas les enfants devraient être castrés.Et dire que ta mère s'en est fait pour lui jusqu'à la fin !

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  3. Ce n'est pas tout à fait vrai que je n'ai pas de bon souvenir de lui. Je me souviens que c'est avec joie que nous acceptions d'aller faire un tour d'auto le dimanche après-midi. Quand nous ne nous retrouvions pas sur un chantier de construction, il arrivait souvent que nous soyons gâtés d'une frite, une barre de chocolat, une boisson gazeuse : bref Noël revisité. Et mon père adorait les décapotables : il faisait vraiment bon s'aérer les méninges au grand vent.
    D'autant plus que nous ne lui donnions que peu de chance de nous chicaner à condition de ne pas le faire entre nous.

    le toit ouvrant

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  4. @Rainette : la plus jeune de mes soeurs a un petit quelque chose de sauvage et elle vit un peu comme eux.

    le tip du tipi

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  5. @ Pourquoi moi ? : l'autobiographie en question n'est que ce qu'elle est. Une sélection plus ou moins digeste de souvenirs trop souvent pénibles.

    le fils à maman

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  6. ouais...celle qui n'est pas allée au service funéraire. Drôle de fille je vois.

    Au moins yavait les tours de machine le dimanche ! Le dimanche le ramolissait va dont savoir pourquoi !

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