dimanche 28 avril 2013

Changement de perspective

Avant je regardais les gens, les paysages et tout ce qui m'entoure avec l'intention avouée de les fixer pour toujours dans ma mémoire.
Aujourd'hui, je regarde les gens, les paysages et tout ce qui m'entoure avec l'intensité de celui qui regarde tout ce qui l'entoure pour la dernière fois.

la perspective différente

vendredi 26 avril 2013

Disparition

Dans ma vie du moins, disparaitrons certaines expressions pittoresques que mon père utilisait fréquemment.
Plutôt que de traiter quelqu'un d'idiot, il le traitait d'oeuf de Pâques à deux jaunes.
Il exprimait un refus catégorique en disant : dans le cul les pains de suc(re).

Cela ne me manquera pas, mais il faut reconnaître l'originalité de ses mots.

le pain de suc(re)

mercredi 24 avril 2013

Finalement

Il aura fallu que mon père meure pour que je repleure ma mère.

le fils éploré

Une dernière question

Maman, pourquoi as-tu enduré tout cela si longtemps ?

le mépris, voire la haine, de la religion

Je me demande

Les martyrs : faut-il les admirer ou les mépriser ?

le salut à ma mère, ma petite maman chérie

Adieu vieux débris

Tu aurais bien pu dire tout ce qu'il aurait pu te plaire de dire.
Mais rien ne changera rien à rien.
Que tu dises tout ce que tu aurais pu dire et tout ce que tu auras dit, j'aurai quand même été un bon fils.
Et toi, un mauvais père.
Ce que j'ai pu faire pour toi, je ne l'ai jamais fait pour toi.
Je l'ai fait pour maman.
Même si elle n'est plus là.
Je l'ai fait pour qu'elle soit fière de moi.
Je l'ai fait pour qu'une dernière fois, elle sache à quel point je l'aimais et que je l'aime encore et que je l'aimerai jusqu'à mon dernier souffle.
Je sais bien qu'il est trop tard et qu'elle ne sait plus rien.
Je sais bien qu'il est ridicule d'honorer la mémoire de ceux qui font désormais partie du néant.
Mais maudit que ça me fait du bien.
Mais maudit que j'ai besoin que l'on me fasse du bien.

celui qui reste et ce qui reste de celui qui reste

jeudi 18 avril 2013

Aujourd'hui II

Quand les autres symptômes l'emportent sur la douleur, c'est vraiment une maudite journée de maudite marde.

le jour d'aujourd'hui

P.S. Surtout que la maudite médication nécessaire pour assurer un niveau de confort compatible avec la vie provoque des effets secondaires incompatibles avec la moindre notion de confort.

P.P.S. Des jours comme aujourd'hui me font douter de la pertinence de poursuivre une maudite chimiothérapie de merde.

Presque

Je me contente de presque rien.
Il est presque certain (ce qui en soit constitue une figure de style) que Philadelphie ne participera pas aux séries d'après-saison (qui pourraient constituer mes ultimes séries).
Avec Boston, ce sont les deux clubs qui me puent au nez à cause de la violence qu'ils préconisent ou qu'ils ont préconisé.
Gagner, bien sûr, mais gagner en intimidant ou en aggressant l'adversaire : très peu pour moi.

l'apparence du pacifisme

Aujourd'hui

Je parlais avec la conjointe d'un voisin qui, en plus du voisinage, partage avec moi le diagnostic qui m'accable.
Elle me posais des questions dont je connaissais les réponses mais elle aurait voulu que je lui pose des questions dont je ne connaissais pas la fin.
En moyenne, les affligés survivent entre 10 et 12 ans.
Oui, me dit-elle mais cela peut aller jusqu'à 17 ans.
Malade pendant 17 ans, n'y a-t-il pas d'autres options ?

I saw her standing there

vendredi 12 avril 2013

La mort

Elle n'apportera pas de réponse à mes questions mais les réduira au silence.
En attendant, la quête continue.

la paix royale

mardi 2 avril 2013

30 vies

Je ne suis pas un grand consommateur de télévision.
Du moins, je ne l'étais pas.
Mais cette année, plusieurs émissions sont à mon programme.
19-2
Downton Abbey
Unité 9
Et de façon plus surprenante, 30 vies.
Je m'identifie à Karine Vanasse qui a une maladie du sang et à qui il reste, en théorie, 5 ans à vivre.
Cette semaine, elle a dit à Nathalie Mallette des mots qui traduisent ma pensée.
"Je me sens partir... tranquillement."
Mais ce sont des mots que les proches ne veulent pas entendre.
Je regarde mes mains.
Je trouve qu'elles ont pâli.
Avec la couleur qui s'estompe, c'est ma vie qui s'efface.
Le néant soyeux qui m'attend me semble de plus en plus attrayant.
Le jour où je serai rendu assez pâle, sans doute n'aurai-je plus mal.

la vie... en attendant

Egocentrisme

Quand on voit poindre à l'horizon une fin qui s'annonce plus prochaine que prévue, nous nous préoccupons d'accumuler une foule de derniers souvenirs comme si ceux-ci n'allaient pas s'éteindre avec nous.
Il est beaucoup plus difficile, et productif, de s'attarder aux derniers souvenirs que nous allons laisser et qui nous survivrons, quelque temps.

la revue des priorités