jeudi 31 janvier 2013

Ayoye !

Ce soir, mon corps m'inflige des douleurs dans des racoins dont je ne soupçonnais même pas l'existence.

le gros bobo

mercredi 30 janvier 2013

Oui, hello ?

J'attends encore un appel de ma mère.
Et je m'étonne de ne pas en recevoir.
J'ai communiqué avec mon service (funéraire) téléphonique et ils m'ont confirmé qu'ils n'offrent aucun service avec l'au-delà sauf celui d'une mise en attente éternelle.

l'attente d'une évolution

mercredi 9 janvier 2013

Différence fondamentale

Ma douce a beaucoup souffert pour avoir des enfants.
J'ai beaucoup souffert pour ne plus en avoir.

la complication chirurgicale

mardi 8 janvier 2013

Une autre culture

Sur notre liste des achats à faire lors d'une prochaine visite au club Prix, on retrouve le mot cartouches.
Chez nos voisins du sud, on pense tout de suite aux armes à feu.
Ici, on pense à l'imprimante.

la paix sur terre (en noir sur blanc)

dimanche 6 janvier 2013

Spoutnikbiographie

Ma mère a rencontré le cancer pour la première fois à l'âge de 49 ans. Ce qui devait être une chirurgie relativement mineure s'est terminé par une ablation complète du sein.
À partir de ce moment-là, le vieux avait plus de difficulté à se moquer de ce qu'il appelait ses oreilles d'épagneul.
Ma mère a rencontré le cancer une deuxième fois, 19 ans plus tard.
Compte tenu de l'ampleur de la première chirurgie, la deuxième a été aussi agressive.
À partir de ce moment-là, le vieux n'a plus jamais pu jeter un regard sur la poitrine plate de ma mère.
Ma mère a rencontré le cancer une troisième fois, 19 ans plus tard.
Une leucémie qui allait l'emporter en quatre jours.
Malgré la démence qui lui ravageait le cerveau et lui rendait la vie difficile, elle a comprit et accepté le fait qu'elle allait mourir.
Le dernier regard que nous avons échangé restera gravé dans ma mémoire jusqu'à ce que mon regard s'éteigne à son tour.
Nous avons eu la chance, et un peu le courage aussi, de t'organiser des funérailles à ton image.
Dignes et sobres.

le fils meurtri

SP3

une grande joie

Qu'elle ne sache pas à quel point elle me manque et à quel point elle continuera à me manquer. Elle aurait été tellement triste de connaître ma peine qu'elle en serait morte si ce n'était déjà fait.

la grosse grosse peine

Le nimportequoibiographie

Bien sûr, j'ai des souvenirs moins glorieux de la maternelle.
Ils n'ont pas leur place ici.
Elle n'a pas arrêté de se tordre les méninges pendant ses dernières années pour d'auto-flageller avec les erreurs qu'elle aurait pu avoir commises.
Je ne lui ai jamais demandé d'être parfaite.
Juste d'être humaine, ce que le vieux n'a pas réussi à faire.

le pardon avec plaisir

Camiondedéménagementbiographie

Automne 1954.
La tribu, avec sa nouvelle squaw qui arrivera début novembre, envahit ce qui sera la maison familiale jusqu'au milieu des années 70.
La maison est à moitié terminée : les futures chambres à l'étage sont encore à l'état de projet et le sous-sol une vraie cave qui sera aménagée plus tard.
La violence paternelle était déjà sans doute bien établie mais pas encore structurée en système.
Les premiers mauvais traitements imposés par le vieux sont associés à ce lieu terrible où il y aura quand même beaucoup plus de peur que de douleur.
Le plus vieux commence l'école.
Ça se passe mal.
Il se retrouve dans une école spéciale où il est pensionnaire toute la semaine.
Toute la semaine, des thérapeutes et des éducateurs essaient de réparer les morceaux cassés.
Toutes les fins de semaine, le vieux salaud relance mon frère sur les murs.
Le cycle dura assez longtemps pour que les dommages soient permanents.
Mon frère deviendra un genre de mauvaise parodie de ce qu'il aurait pu devenir.
Le malheur dans le mépris et l'isolement.
Moi, je n'ai écopé que du surplus que mon frère ne pouvait prendre sans que les lésions ne deviennent trop apparentes.
J'en ai quand même pris pour mon rhume.
La crise d'adolescence sera fracassante et prolongée (est-elle vraiment terminée ?).
Mais si j'en suis sorti à peu près intact, c'est que j'ai eu la chance extraordinaire d'avoir un bouclier humain : je l'ai déjà maintes fois remercié et même si ce n'est pas suffisant, c'est tout ce que je peux lui offrir.
La chance que nous avons eu, c'est que le vieux ne s'intéressait aux enfants que pour les faire souffrir et les humilier.
C'est en vain que je cherche un bon souvenir de lui.

le bas blessé

samedi 5 janvier 2013

Motobiographie

L'arrivée d'un neurone dans la famille n'a pas dû changer grand chose si ce n'est que d'envenimer un peu une situation déjà déplorable. Juste un peu pire avec une deuxième bouche braillarde à nourir. Si mon père a eu un petit coup d'orgueil à la naissance de l'ainé, il est probable que son ego n'a pas joui un grand coup le deuxième coup.
Le drame allait se produire avec l'arrivée de la troisième : cette fois, le bonheur du vieux devait être sans partage. Ses tendances incestueuses étaient profondément enfouies dans le cloaque de son inconscient.
J'imagine, qu'inconscients du drame qui s'était produit, que les parents partageaient un bonheur sans partage.
Le malheur les attendait au premier détour car il s'était déjà produit.
Mon frère et moi ayant tracé le chemin, soeurette l'a emprunté avec un léger excès d'enthousiasme. Voyant cela, une infàme infirmière, qu'elle soit maudite, a pris la grotesque décision de garder manuellement le bébé dans le sein de sa mère jusqu'à l'arrivée du docteur.
Suite à ce retard, il était trop tard : les dommages cérébraux seront irréversibles. Soeurette sûrette ne serait qu'un immense chagrin. Elle ne parlera pas, elle ne marchera pas, elle sera placée en institution puis reniée par mes parents. On avait dit à mes parents qu'elle ne vivrait pas plus de six ans. Elle en avait 58 quand elle est morte.

l'orphelin de soeur

vendredi 4 janvier 2013

Avionbiographie

Contrairement à ce que j'écrivais dans camionbiographie, je crois que le drame a dû commencer avant la naissance de l'ainé.
Le vieux débris n'ayant jamais voulu d'enfant, il est probable que le choc de l'annonce de la grossesse de la maternelle ait provoqué un orage électromagnétique de puissance 463.12 dans la tribu de ses neurones déclenchant une violente tempête dont l'ensemble du tissu cérébral ne se remettra jamais.
En bon mégalomane, l'idée d'être une erreur qui se reproduit a certainement entraîné un gonflement de l'ego qui était encore plus près de la grenouille que du boeuf.
Toutefois en obsédé sexuel qui, soit dit en passant, tenait sa libido débridée de sa mère, l'annonce d'une progéniture s'accompagnait aussi d'une carence éjaculatoire anticipée et concrétisée ce qui a produit un court-circuit cérébro-génital fatal pour sa sérénité ou pour ce qui en tenait lieu.
Remplacer une série d'orgasmes par une série de cris qui vous réveillent la nuit stimulant votre organe reproducteur au risque de reproduire une autre catastrophe braillarde était un défi intellectuel impossible à relever.
L'histoire ne dit pas quand le moineau a commencé à utiliser d'autres trous pour faire son nid mais il nous est permis de croire que l'idée a quand même pris quelques années pour parvenir à destination.
J'étais adolescent et travailleur esclavagé au bureau de mon vieux quand j'ai mis la main tout en jetant un coup d'oeil sur une longue liste de prénoms féminins suivis de numéros de téléphone codés. Compte tenu de ma compétence mathématique, il ne m'a fallu qu'une fraction (indéterminée) de seconde pour additionner un plus un et parvenir à une nouvelle compréhension d'une simple feuille de papier qui était source de répit pour ma mère.
Plus tard, le vieux débris affirmera d'ailleurs qu'il a rarement payé pour assouvir son désir.

le deuxième nez

P.S. J'ai peine à croire que des textes comme celui-là soient comme autre chose : ils viennent tout seuls, sans effort et avec plaisir.

jeudi 3 janvier 2013

Accidentdautobiographie

C'est arrivé aujourd'hui. Tout de suite après les funérailles de maman. Dans la voiture, il y avait un vieux débris et

Pourquoi moi ?

mercredi 2 janvier 2013

Hors mini-série

C'est confirmé : ma soeur et le plus jeune de mes frères n'assisteront pas aux funérailles de maman demain matin.
Il est bon de se faire rappeler à l'occasion qu'il y a des limites à notre compréhension de l'univers.

c'est quoi la question ?

Camionbiographie de ma mère rédigée par son fils, le neurone ectopique (2ème partie : la spéculation)

De l'époque primaire de mes parents, je ne sais pas grand chose.
Je dirais que mon père savait quoi, mais pas vraiment comment.
Et que ma mère ne savait que le pourquoi : le devoir conjugal.
C'était le début du baby-boom et la révolution tranquille attendait tranquillement son heure.
Je crois aussi, qu'au début du moins, il devait être plus facile de vivre avec un seul crétin, surtout qu'il sortait pour aller travailler avant de commencer à sortir pour sortir, qu'avec les huit tarés qui partageaient avec elle le domicile conjugal.
Il faudra attendre 26 mois de mariage avant que le premier drame ne surgisse : la naissance de l'ainé.

le deuxième rang

Autobiographie de ma mère (1ère partie)

Maman ne l'ayant pas fait elle-même, je me vois dans la pénible obligation de rédiger son autobiographie moi-même.
Ceux qui pourraient croire que cela ne respecte pas les règles du jeu sont priés d'aller jouer là où il leur sera possible d'avoir raison en toute quiétude.
Maman est née parmi les dernières d'un troupeau de neuf enfants. Deux garçons, sept filles.
Dans l'ensemble, une belle gang de dysfonctionnels.
J'ai très peu connu sa mère qui m'a laissé l'image d'une petite bonne femme ferme et fermée dans une maison qui sentait le renfermé.
Son père était un vieux malcommode que je soupçonne d'avoir été un jeune malcommode plus tôt dans sa vie.
Je ne lui connais pas d'autre relation avant celle qu'elle a eu le malheur d'entretenir avec mon père si ce n'est une grande sympathie pour un de ses cousins : il ne s'est sans doute rien passé mais cet attachement, si superficiel qu'il ait été, a aussi été un intarissable sujet de taquinerie pour mon vieux crétin de père.
D'autant plus que lui-même s'était amouraché d'une de ses cousines qui a eu le bon sens d'entrer en religion plutôt que de faire face à la musique avec un (futur vieux) débile.
Pour ma mère, la situation était toute autre : elle était prête à suivre n'importe qui pour sortir de son nid de tarés. Et c'est ce qu'elle a fait. Pauvre elle. J'ose espérer que si elle avait su ce qui l'attendait, elle aurait suivi la cousine de mon père chez les bonnes soeurs.
Elles sont toutes les deux mortes l'année dernière. L'une a connu l'enfer, l'autre pas. Et s'il y avait un vrai paradis (je sais bien que cela n'existe pas mais je pense au père Noël) elles y seraient toutes les deux.

le petit amour